Hameçon masculin
de âme sœur féminin
chercher pendant des heures
rires parmi les pleurs
éclats des voix
murmures des pas
roulettes de trottinette
toux sèche odeur
d’Amsterdamer
grouillis de lézard
sur toit de véranda
patins à roulettes
frôlement des mouettes
cui-cui des moinelles
grésil des étournelles
un miaou un chat
éclats de rire
cour adjacente on chante
clés chutées
course pieds nus
ensablés mouillés
épaules dénudées
parfum serviette secouée
enfants perdus
un homme une femme
voix feutrées passées
glissement des ailes
pieds nus dans la ruelle
décompte des pignons
pédales de vélo
plat du pied posé
après l’autre envolé
une voix des pas
des mains des mollets
une combin’ pour aller
en mer froide se baigner
enfants retrouvés
dans la rue saint Guénolé
qui fait l’écho ?
épelle les mots
un sifflement un chien
les passants s’adoucissent
vers bateau à quai
roulettes à valise
hameçon masculin
de âme sœur féminin
fille ou garçon
il se peut que les heures
ne marchent pas bien
soleil bourdons
sur géranium fuchsia là
souffle derrière le mur
silence qui avance
pépiement d’oiseau
quel oiseau où ça ?
tintement des couverts
sur assiette à dessert
ici ça sent le far
sandales ou claquettes
croisées des ruelles
où va-t-elle ?
trébuché attention
crottes de chien
débouché du coin
soleil en course
au-delà des toits
à droite à gauche
ou tout droit ?
on est déjà
passé par là
au carrefour des pas
des questions de fillette
depuis quand
arrivées là
et maintenant les goélands
à en-tête plus agités
stridences du vent
des âmes perdues
en mer juste avant
que la nuit tombe
ne cherchez plus
pendant des heures
le ciel dort
ailleurs
Cercle de petits galets gris
débris de petit crabe
petits coquillages
abri aléatoire
vulnérable
organisé
encore visible
depuis début juin
au détour sud
d'un bosselé de terre
entre BEG A LANN et PLAS AR SKOUL
Disposition en cercle
aplati à l'ouest (vent dominant)
débris de petit crabe blanchi au soleil
fragments de coquillages
rassemblés
vulnérables
sous le vent les embruns
le soleil la pluie
au passage des lapins
chiens et humains
rassemblés
vulnérables.
Cercle de petits galets bleus,
arêtes de petit poisson
et petits coquillages
visible à l'île de Sein
depuis début juin 2011,
entre BEG A LANN et PLAS AR SKOUL
.
Les cygnes noirs
J'ai voulu m'arracher le coeur
pour nourrir les cygnes
Le fleuve s'est écarquillé
pour me laisser passer
Mais à mon poignet grisé
Un bracelet de fourmis
faisait trembler le geste
à m'en empêcher
Un bracelet de fourmis
me faisait dire non
quand je voulais oui
m'arracher le coeur
Un homme a passé sous mes yeux
la frontière entre celui qu'il fut
et cet autre qu'il sera
Pour mettre au présent
le bonheur de sa mue
Un homme est passé
de lui-même à lui-même
Intraduisible
J'ai voulu m'arracher le coeur
pour nourrir les cygnes
Je n'en avais plus besoin
Tu en sais quelque chose
Mais j'ai laissé gagner mon terrain
par un bracelet de fourmis grises
Jusqu'à coeur ouvert devenu mangeoire
J'ai voulu m'arracher le coeur
au jour de tant de morsures
Je me suis grisé
Un autre homme a passé
la frontière au galop
Intraduisible
Je me serais pris pour une citadelle
si j'avais été une citadelle
mais je n'avais pas le coeur
à me prendre pour ce que je suis
Et je me suis laissé prendre
Par les fourmis
A coeur ouvert, j'ai attendu
que le temps passe à refermer
la plaie de tant de morsures
J'ai attendu
J'ai regardé les hommes
J'ai compté les frontières
Même espéré un tant soi peu
Je me suis grisé
Les cygnes ont noirci dans le couchant
Et mon coeur
qui voulait dire oui
mais disait non
Il est resté là
Dans les fourmis
comme allongé dans les fougères
Il est resté là :
Intraduisible
Fabrice MELQUIOT
Veux-tu ?
édition L'Arche
Pose ta main
là, sur mon front,
comme si ta main
était la mienne
Garde - moi fort,
comme à la mort,
comme si ma vie
était la tienne.
Aime - moi enfin
comme si c'était bien,
comme si mon coeur
était le tien.
Attila JOZSEF
éditions UNESCO
Les draps mouillés
ne se suspendent pas
ils étalent leur liberté
en sortie échevelée
dans le vent des étés
envolés
retenus
par les pierres à la terre
lévitation sur herbe rase
cailloux blancs et coquillages
plumes d'oiseaux et enfants sages
nous pensions
y retenir
les nuages
au retour
nous y enfouissions
nos visages